En 1974 sort en Belgique, ce pays pas comme les autres, un film pas comme les autres :
Vase de Noces, très vite rebaptisé "The pig fucking movie" par nos confrères anglo-saxons".
En noir & blanc, sans dialogue, un seul acteur humain, ce film fait l'économie des moyens pour aller à l'essentiel.
En effet le film soulève un des grands questionnements de l'humanité, que deviendra elle ?
Ici, rien de très réjouissant, celui qui semble le dernier spécimen de l'espace humaine, rôle endossé par Dominique Garny, vit dans ce qui semble être une vieille ferme désaffectée du plat pays.
Le film ouvre sur une séquence, ou ce dernier des hommes, tente de fixer en vain une tête de poupon en plasticine sur un pauvre pigeon effrayé. Nous y comprenons très vite que cet homme cherche à recréer par substitut, une présence humaine, et par extention une humanitée ici disparue.
Echec total chez les volatiles, notre protagoniste jette son dévolu sur le seul autre mamifére du film : une truie !
Une scéne culte nous révélle ainsi, Dominique Garny nu à genoux dans la fange, derréire la truie, tout concentré sur les coups de reins qu'il lui distribue.
L'humanité en déliquescence disparaît avec ces taboux, zoophilie comprise.
De cette union, contre-nature, naîtra une portée de porcelets, dont le film nous révélera la mise à bat.
Notre homme, persuadé d'avoir permis à une humanité de lui survivre, fait tout pour mener à bien l'éducation des petits porcs.
Mais en vain, constatant qu'il leur était même impossible de manger corretement à table, il se résoud à l'infanticide. Il les pendre au milieu de la basse court, laissant leur frêle carcasse putride se balancer au rythme du vent.
Une scéne particuliérement troublante, nous laisse ainsi voir la truie reniflant et donnant des coups de groing aux cadavres de ces petits, puis dans d'attroces grouinnement se sauve de la ferme.
Ou est l'humain ou est l'animal ?
Entre temps, notre pauvre homme s'attéle à une activité de collectage peu commun. Dans des bocaux de verre il dispose des têtes de poules avec des éléments organiques, qu'il va ensuite entreposé dans une ancienne verriére. Les porcelet y seront de même entreposés. Comment interprétter ces actes ? J'y vois pour ma part le témoignage du dernier des hommes, le catalogage d'une mémoire dans ce qui pourait être le musée définitif, de l'expérience humaine.
Bref, revenons à nos cochons.
La truie s'échappant est mise à mort par notre Dominique Garny, qui se résoud ensuite de s'enterrer vivant au milieu des champ auprés du cadavre de la truie.
Mais une fois entiérement ensevelit il rennonce à la mort. Un long plan séquence nous montre sa silouhette revenir en courant vers la ferme. POUQUOI ?
La réponse est simple: pour chier !
Le dernier des hommes ne peut mourir car le besoin primaire de déféquer est supérieur à la volonté. L'acte primaire, animal est plus fort que tout. L'acte fécal, plus fort que la mort !
Ce passage est à mon sens à mettre en parralléle avec cet extrait de "Pour en finir avec le jugement de Dieu" d'Antonin artaud :
Là ou ça sent la merde
ça sent l’être.
L’homme aurait très bien pu ne pas chier,
ne pas ouvrir la poche anale,
mais il a choisi de chier
comme il aurait choisi de vivre
au lieu de consentir à vivre mort.
C’est que pour ne pas faire caca,
il lui aurait fallu consentir
à ne pas être,
mais il n’a pas pu se résoudre à perdre
l’être,
c’est-à-dire à mourir vivant.
Il y a dans l’être
quelque chose de particulièrement tentant pour l’homme
et ce quelque chose est justement
LE CACA.
Dés lors, c'est comme une résurection, la merde, l'ayant extirpé de la mort, la merde sera sont salut. Il décide de ce nourir exclusivement de ces propres excréments. De longue scénes insoutenables nous montre ainsi Garny chiant, bruitage à l'appuit puis dévorant le fruit de ces entrailles, soit "crue" mangée avec les doigts, soit plus convenablement bouillie puis mangée à la cuilliére.
Le dernier des homme semble être devenu DIEU, j'entend par là un être infini, immortel. Capable de vivre en autonomie, se suffisant lui même à se survivre. Vivre en vase clôt, bouffer sa propre merde, c'est être DIEU.
DIEU est scatophile.
Manque de bol, c'est la déconvenue finale : il dégueule toute sa merde. Et dégueuler ça n'est franchement pas trés divain. Gerber c'est le refus, et DIEU est au dela du refus.
Résolution finale, notre dernier des homme va chercher une échelle, qu'il plante dans le sol, créant ainsi une échelle céleste (stairway to heaven...). Il monte jusqu'a son extrémitée, y fixe une corde et se pend.
L'humanité ce termine ainsi en noeud de boudin. Elle se referme sur elle même.
L'homme vient sur Terre par le péché, l'homme la quitte par le péché.